Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juin 2013 7 30 /06 /juin /2013 20:46

Favim.com-14022.jpgD'un mouvement dans son sommeil, ou de mon horloge biologique, je ne sais pas ce qui m'a réveillé. Depuis quelques temps, je ne suis plus l'inconditionnel des grasses matinées que j'étais. Le meilleur réveil est sans doute la perspective des choses passionnantes qu'on va faire dans la journée. Encore faut-il être aux commandes de sa vie. Contrôler son sommeil devient alors si facile.

J'ouvre les yeux. La chambre est baignée d'une fine lumière tamisée. Les persiennes étalent des traits clairs sur son corps comme un voile de mariée en dentelle. Elle dort sur le côté, tournée vers moi. La chaleur moite de la nuit d'été l'a forcée à repousser la couette sur ses hanches, laissant apparaître le contour de sa poitrine derrière son bras. Confort, chaleur et confiance rendent la pudeur vide de sens.

Je tente de m'étirer sans la réveiller, mais même la plus légère agitation est toujours fatale à un sommeil de matinée. Un tel réveil est parfois suivi d'un bref mouvement réflexe, témoin direct de l'attirance réelle et inconsciente qu'elle éprouve. Un geste de recul pour une relation trop jeune dans son esprit, ou pour un amour usé chez un vieux couple. Un renversement de l'autre côté du lit, signe d'un individualisme affirmé dans une relation morte avant l'heure. Tout ça me traverse l'esprit en un éclair alors qu'elle réagit. Elle passe son bras sur moi et colle son corps contre le mien. Je sens même sa main se resserrer. C'est la réaction d'une femme en couple depuis 6 mois, mais nous ne sommes ensemble que depuis quelques jours.

Sa réaction finit de me réveiller, et je gère tant bien que mal l'émotion qui m'assaille, entre bonheur incontrôlable et sérénité absolue. Alors que je la serre à mon tour, mes yeux se baladent alentours. Nos vêtements étalés sur le sol ont eux aussi quelque chose de poétique. D'aucuns diraient que nos rapports étaient bestiaux. Ils n'auraient rien compris. Comme je redécouvre le bonheur ce matin dans son souffle endormi contre mon torse, j'ai redécouvert le plaisir avec elle.

Les écrivains mielleux aiment raconter des histoires d'amants qui bouleversent toutes leurs certitudes en une nuit d'amour. Mais ça n'arrive jamais. Les nouveaux amants se reposent sur leurs acquis. Ils aiment s'imposer des règles sensées prouver leur expérience et leur connaissance d'eux-mêmes. "J'ai horreur de cette position". "Pas comme ça". Parfois ils ajoutent leurs traumas dans la partie : "Arrête j'ai l'impression que...". "Ca me dégoute".

Un relâchement total, ça n'arrive jamais. Et ça n'aurait jamais dû arriver entre nous. Elle avec si peu d'expérience réduite à quelques longues relations où la routine remplace tout. Moi avec assez d'histoires pour me méfier des premières fois, qui peuvent donner le meilleur comme le pire mais donnent souvent le médiocre, et où il vaut mieux faire dans le classique.

Ca n'aurait jamais dû arriver donc. Et c'est arrivé. Malgré nos craintes, notre pudeur, nos habitudes, nos goûts. Nous avons tout jeté, tout mis à zéro, tout réappris. Nous étions puceau et vierge avec de l'expérience. La raison de la maturité avec la déraison du désir. Nos rapports ont la pudeur de l'impudeur assumée, et la douceur de l'animalité partagée. Nous sommes les aristocrates de la baise salace.

Elle bouge la tête et m'arrache à ces souvenirs encore frais. Elle émerge lentement de son paisible sommeil, une transition que j'adoucis par quelques caresses dans le dos. Curieusement, c'est toujours dans ces moments que mon passé et mon cynisme blasé me rattrapent. Là où je devrais simplement profiter du moment présent, le petit diable sur mon épaule vient me secouer. Il me dit que tout cela n'est qu'une illusion des sens. Que je ressentirais la même chose avec une autre. Que je ressentirai la même chose avec une autre. Que je voudrai ressentir la même chose avec une autre.

Cette fois, mon petit diable me fait sourire. La symbiose semble trop forte. Croiser des plus belles, plus intelligentes, plus drôles est toujours possible, mais le "plus" n'a aucun sens si j'ai trouvé ma perfection. La fidélité n'est alors plus une question de volonté ou d'engagement, c'est juste une évidence. Je ne sais pas ce qu'est l'amour, mais ceci me semble être une bonne définition. Evidemment, je ne le lui dirai pas. Pas tout de suite. Il faut bien céder aux conventions encore un peu.

Alors que le petit diable disparait, sur mon autre épaule la tête de mon ange émerge. Elle ouvre les yeux, me sourit et chuchote un bonjour enfantin.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Boussole